Notre Premier film documentaire
"Le murmure des sillages"
La maison Mémérou est sur le pont. Toute affaire cessante elle se focalise sur son premier film documentaire dans l'esprit du magnifique festival stéphanois "le curieux voyageur". Ce voyage à la voile dans les Cyclades sera ponctué des rencontres avec des migrants, des responsables d’ONG, des citoyens en lutte pour tenter de résister à un urbanise sauvage...
https://youtu.be/_qDvJaF7wLc?si=oklqlm9_dhUvDLU1
Préparation :
Plusieurs mois de préparation en tous genres. Nous commençons par un gros carénage glacial balayé par le mistral. Puis tout un tas d'ajustements sont nécessaires : changer les batteries, installer des panneaux solaires pour tenter de faire face au besoin qui seront liés à l'activité vidéo, changer l'annexe car trop petite pour le gros équipage technique à embarquer. Enfin il est nécessaire de tout réviser, vérifier, graisser, contrôler et s'ensuit son lot de mauvaises surprises qui nous obligent à mettre les mains dans l'électricité, la plomberie, les voiles, les moteurs.....Dans le même temps, nous devons prendre de multiples contacts, tisser des fils avec la Grèce et nos futurs partenaires de jeux. Ces derniers sont à approcher doucement, à rassurer au mieux, même si notre talent doute encore de lui et les convaincre in fine de nous faire confiance. Comme ce voyage a pour objectif de réaliser un film documentaire, nous embarquons des caméras légères, de la lumière et du son, faciles à transporter mais nous allons devoir tout réapprendre...
Encore, surtout et enfin, l'équipage doit être formé. Nous allons devoir apprendre à vivre, travailler et naviguer ensemble, dans un environnement qui n'a rien d'habituel pour certain·es.
En ce début du mois de juillet, j'ai le sentiment confus que nous sommes presque prêts !
Le grand départ :
La dernière ligne droite. On charge la voiture. On passe chercher Antoine et c'est parti pour les courses, les derniers petits bricolages, vérification de l'armement de sécurité, le décryptage de la météo...
- 06 juillet : Après un petit ravitaillement, une première manœuvre pour quitter le port, un passage obligé à la station carburant et c'est le grand départ. Il fait beau. Juste un peu de vent de nord canalisé dans l'artère principale de port de bouc qui descend de la gare à la mer. C'est toujours un moment particulier. On sait que nous ne reviendrons pas ici avant au moins deux mois et que mille rendez-vous sont pris avec des copains, des personnes encore inconnus vivant dans les Cyclades et quelques hasards que l’on rêve heureux. Deux mois à scruter la météo, l'état du bateau et des équipages...
Passé le cap "Courone" (extrémité Est du golfe de fos) le vent s’établit au SW pour d'une douzaine de nœuds. Ce qui nous donne un vent apparent plein travers (tribord amure) et une vitesse sur le fond de presque 10 nœuds. La mer est belle, la faible houle en trois quart arrière n'est quasi pas perceptible. Les amers passent vites... ont voit passer les Calanques, puis Cassis, la Ciotat, Sicié...ça va vite.
Avec la chaleur qui augmente, la composante brise marine prend du poils de la bête...Sommes de plus en plus travers et on passe régulièrement les 12 nœuds...
Sur Siciè , une pointe à 14 !
Mais ça va tomber forcément avec le jour. Déjà on aperçoit porquerolles au loin.
On traverse le grande passe de Porquerolles, sur tribord ça semble bien abrité. On approche doucement...
Beaucoup de bateaux au mouillage et par venturis le vent, maintenant N/W, ne faiblit pas du tout. On est un peu sonné par le vent. Les premiers jours c'est toujours un peu difficile de reprendre l'habitude de vivre la tête au vent dans un univers qui bouge en permanence.
Premier mouillage, premier apéro, premier diner à élaboré dans le carré et première nuit, bien méritée, au mouillage. On est tous un peu épuisés....
Déjà une petite liste de choses à bricoler commence à se rédiger malgré le soin apporté à la préparation mais je n'ai pas le goût ce soir.
On en reparle demain.
La météo, voilà bien la préoccupation première du marin. C'est très au-delàs la nécessité de poursuivre la croisière, d'aller quelque part.. Cette motion touche à mille choses pas toujours consciente. En dehors de la nécessiter de naviguer à la force du vent, le confort de l'équipage est important, la gestion du gréement dormant et des voiles aussi compte dans la gestion d'une croisière aussi longue. De notre volonté de de fonder un voyage un peu poétique des bien nombreuses difficultés s'imposent à nous. Il est bien clair que le succès des bateaux à moteur vient de cela.... Du plaisir sans contrainte voilà le credo du plaisancier contemporain. Nous nous imposons bien d'autres contraintes moins faciles à satisfaire comme tout faire pour limiter notre bilan carbone, le bruit, la pollution globale inhérente à ce grand voyage.
Thyani au mouillage autour de l'ile de port cross. Il faut beau et on en profite pour exhumer le Spy-asymétrique du coffre avant pour préparer la première grande traversée vers la Corse. On ne devrait pas rencontrer beaucoup de vent alors cette grand-voile de portant devrait être précieuse. Sa dimension nous inquiète un peu mais on devrait s'en sortir avec un peu d'organisation et de rigueur.
Voila la bête déploiyée. comme prévu il fait beau, la mer est belle et nous avançons presque par magie. Devant nous la corse mais naturellement nous ne pouvons pas la voir. La journée se passera ainsi à progresser dans le bleu. demain matin au petit jour le corse devrait se présenter devant nous. On vise la paillote MG sur Tizzano. On en a l'habitude. C'est un peu notre cantine quand nous arrivons en corse. Pour l'heure on affine les réglages. La moindre modification de cap, même de quelques degrés change tout. Il y a peu de vent mais cette voile immense nous fait avancer plus vite que lui. Pour les voiles on reçoit un vent réel en trois quarts arrière de 6 nos et nous progressons à 8 avec un vent apparent plein travers....C'est un peu magique. A cette vitesse nous serons vite en corse.
Le jour tombe et cette fois nous ne voyons plus aucun terre. On organise la nuit...On met de l'ordre un peu partout. On décide de qui tiendra tel ou tel quart de nuit. On sait que demain on va se réveiller en corse. Que la première partie de ce long voyage sera dernière nous. Nous serons enfin parti ! Il nous reste que quelques jours pour relier Olbia ou nous attendent d'autres équipiers. Pour l'heure tout est calme est reposant. On s'autorise même une petite bière pour remercier le ciel de nous avoir offert cette journée merveilleusement paisible...